Mohamed BADJI

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Badji Mohamed, né en 1933 à El Eulma, près de Sétif, demeure une figure emblématique de la musique algérienne Chaabi. Son parcours artistique est étroitement lié à sa jeunesse passée à Alger, plus précisément à Belouizded, où il a grandi et forgé les bases de sa carrière musicale exceptionnelle.

En tant que parolier et compositeur talentueux, Badji Mohamed a laissé un héritage musical indélébile. Ses créations, portées par la voix magistrale d'interprètes tels qu'Amar Ezzahi, Aziouz Raîs, Redha Doumaz et bien d'autres, ont transcendé les frontières géographiques, témoignant de sa maîtrise artistique.

Son passage douloureux par l'emprisonnement à Serkadji pendant la guerre de libération a profondément marqué Badji Mohamed, cristallisant sa souffrance dans sa chanson emblématique « Maqnine Ezzine » (Mon bel oiseau). Sa voix rocailleuse et profonde devient ainsi une quête perpétuelle pour échapper à la douleur, offrant une dimension émotionnelle unique à ses interprétations.

Son engagement précoce envers la musique remonte à 1947, année où il a commencé à se produire lors de fêtes populaires au sein de différents orchestres. Cependant, son activisme lui a valu d'être arrêté pendant la Grève des Huit jours en 1957, subissant tortures et jugement, et étant même condamné à mort. Par miracle, son exécution ne s'est pas réalisée. Dans l'obscurité de sa cellule, Badji Mohamed a fabriqué une « guitare » rudimentaire, d'où a émergé la musique puissante et mélancolique de « Maqnine Ezzine ». D'autres compositions poignantes, dont le célèbre « Bahr Ettofane » (Le Déluge), ont également vu le jour.

Ainsi, Badji Mohamed demeure une figure légendaire de la musique algérienne, un artiste qui a su transcender l'adversité pour créer une œuvre intemporelle. Son parcours de vie tumultueux et son héritage musical exceptionnel témoignent de la puissance de l'art en tant que moyen de résistance et d'expression.

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